Citations
« Je suis dans le ravissement, Giverny est un pays splendide pour moi. »
Monet à Duret
« Ce que je songe à Giverny par ce beau temps et que je t’envie d’y être, tu ne peux pas t’en faire idée : mais je suis prisonnier, et il me faut aller jusqu’au bout, bien qu’en réalité je suis près d’être à bout de forces, c’est tuant et je travaille avec une ardeur fiévreuse. »
Monet à Alice
« J’attends toujours votre visite promise. C’est le moment, vous verrez un jardin splendide, mais il faut vous hâter (…). Plus tard, tout sera défleuri. Entendez-vous avec Geffroy et écrivez-moi. Je compte sur vous. Puis j’ai des tas de nouvelles toiles. En toute amitié. Secouez Geffroy et venez. »
Monet à Clemenceau
« Ah, messieurs, je ne reçois pas quand je travaille, non, je ne reçois pas. Quand je travaille, si je suis interrompu, ça me coupe bras et jambes, je suis perdu. Vous comprenez facilement, je cours après une tranche de couleur. »
Monet à Georges Bernheim et René Gimpel
« Le temps s’est bien rafraîchi, et il faut recommander à Eugène de couvrir les tigridias et différentes choses qu’il sait ; surtout avec la lune, il avait crainte de gelée. Recommande-lui aussi, s’il venait des giboulées, de la grêle (il y en a eu ici hier), de descendre les toiles de la serre. »
Monet à Alice
« Cher ami, ne manquez pas de venir lundi comme c’est convenu, tous mes iris seront en fleurs, plus tard il y en aurait de passés. Voici le nom de la plante japonaise qui me vient de Belgique : Crythrochaete. Tâchez d’en parler à M. Godefroy et de me donner quelques renseignements sur sa culture. »
Monet à Caillebotte
« J’en profite pour vous donner l’adresse du rosiériste (…) et aussi les noms des rosiers que vous avez remarqués (…) : celui grimpant devant de la maison : Crimson Rambler, et celui sur tige : Virago. »
Monet aux Bernheim-Jeune
« Nous nous sommes tous mis au jardin ; je bêchais, plantais, sarclais moi-même ; le soir, les enfants arrosaient. A mesure que la situation s’améliorait, je m’étendais ».
Monet
« Et le jardin ? Existe-y-il encore des fleurs ? Je voudrais bien qu’il y ait encore des chrysanthèmes à mon retour. S’il fait gelée, faites-en de beaux bouquets. »
Monet à Alice
« Tandis que vous cherchez philosophiquement le monde en soi, j’exerce simplement mon effort sur un maximum d’apparences, en étroites corrélations avec des réalités inconnues. »
Monet
« Je veux peindre l’air dans lequel se trouve le pont, la maison, le bateau. La beauté de l’air où ils sont, et ce n’est rien d’autre que l’impossible. »
Monet
« J’ai mis du temps à comprendre mes nymphéas… Je les cultivais sans songer à les peindre… Un paysage ne vous imprègne pas en un jour… Et puis, tout d’un coup, j’ai eu la révélation des féeries de mon étang. J’ai pris ma palette. Depuis ce temps, je n’ai guère eu d’autre modèle. »
Monet
« Ce que je deviens, vous le devinez bien : je travaille et non sans difficulté, car ma vue s’en va chaque jour, et puis je m’occupe énormément de mon jardin : cela m’est une joie, et, par les beaux jours que nous avons eu, je jubile et admire la nature : avec cela, on n’a pas le temps de s’ennuyer ».
Monet à Gaston Bernheim-Jeune
« Le motif est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, c’est ce qu’il y a entre le motif et moi ».
Monet
« C’est un métier que j’ai appris dans ma jeunesse… quand j’étais malheureux… Je dois peut-être aux fleurs d’avoir été peintre. »
Monet
« Je vous remercie d’avoir pensé à moi pour les fleurs d’Hokusai […] Vous ne me parlez pas des coquelicots, et c’est là l’important, car j’ai déjà les iris, les chrysanthèmes, les pivoines et les volubilis »
Monet, lettre à Maurice Joyant, Giverny, 8 février 1896
« J’ai été flatté de vos deux lettres, ayant la plus profonde admiration pour l’art japonais et une grande sympathie pour les Japonais […] C’est avec le plus grand plaisir que j’ai reçu vos jolies estampes »
Monet, lettre à Shinaro Yamashuita, Giverny, 19 février 1920
« C’est à Giverny qu’il faut avoir vu Monet pour le connaître, pour savoir son caractère, son goût d’existence, sa nature intime. (…) Cette maison et ce jardin, c’est aussi une œuvre, et Monet a mis toute sa vie à la créer et à la parfaire. »
Gustave Geffroy.
« Cette maison modeste et pourtant si somptueuse par l’arrangement intérieur et le jardin, ou plutôt les jardins, qui l’entourent. Celui qui a conçu et agencé ce petit univers familier et magnifique n’est pas seulement un grand artiste dans la création de ses tableaux, il l’est aussi dans le décor d’existence qu’il a su installer pour s’y plaire. »
Gustave Geffroy
« Ce salon-atelier était plein de vie et de jeunesse aux jours de 1886 où j’y suis allé pour la première fois, des jeunes filles, des jeunes gens, des adolescents, les enfants et les beaux-enfants de Mme Monet. (…). Le repas terminé, on revenait à l’atelier prendre le café, en traversant le salon bleu où est placée la bibliothèque de Monet. C’est là que Mme Monet, entourée de ses enfants et des enfants de Monet, apparaissait dans tout l’éclat apaisé de la vie heureuse, ses yeux vifs brillant sous son auréole de cheveux poudrés. »
Gustave Geffroy
« Il est indispensable de faire le pèlerinage à Giverny, dans ce sanctuaire fleuri, pour mieux comprendre le maître, pour mieux saisir les sources de son inspiration et pour l’imaginer toujours vivant parmi nous. »
Gérald Van der Kemp
« Quand j’aurais dit que Claude Monet naquit à Paris, rue Laffite, c’est à dire dans le quartier des marchands de tableaux – signe éventuel d’une prédestination -, je n’aurais pas beaucoup avancé nos affaires. Mais si j’ajoute qu’il passa toute sa jeunesse au Havre, et là, s’éprit des brassements de lumière que l’océan tumultueux des côtes reçoit de l’espace infini, peut-être s’expliquera-t-on cette familiarité de l’oeil avec les gymnastiques lumineuses d’une atmosphère affolée qui jette toutes les nuances de tous les tons au gaspillage des vagues et des vents. »
Clemenceau
« De taille moyenne, avec le bel aplomb d’une robuste charpente bien emmanchée, l’œil d’agression souriante dans la fermeté d’une voix sonore, cela ne suffit-t-il pas à dire « un esprit sain dans un corps sain », un caractère de droite volonté ? »
Clemenceau
« Le jardin de Monet compte parmi ses œuvres, réalisant le charme d’une adaptation de la nature aux travaux du peintre et de la lumière. Un prolongement d’atelier en plein air, avec des palettes de couleurs profusément répandues de toutes parts pour les gymnastiques de l’œil, au travers des appétits de vibrations dont une rétine fiévreuse attend des joies jamais apaisées (…). Il n’est pas besoin de savoir comment il fit son jardin. Il est bien certain qu’il le fit tel que son œil le commanda successivement, aux invitations de chaque journée, pour la satisfaction de ses appétits de couleurs. »
Clemenceau
« Je suis allé parfois m’asseoir sur le banc d’où Monet a vu tant de choses dans les reflets de son Jardin d’eau. Mon œil inexpérimenté a eu besoin de persévérance pour suivre de loin la brosse du Maître jusqu’aux extrémités de ses révélations.»
Clemenceau
« Avec tout le monde, j’ai déjà noté qu’à la distance où Monet se place nécessairement pour peindre, le spectateur n’aperçoit sur la toile qu’une tempête de couleurs follement brassées. Quelques pas de recul et voici que sur ce même panneau la nature se recompose et s’ordonne à miracle, au travers de l’inextricable fouillis des taches multicolores qui nous déconcertaient à première vue. (…) Comment Monet, qui ne se déplaçait pas, pouvait-il saisir, du même point de vue, la décomposition et la recomposition des tons qui lui permettaient d’obtenir l’effet cherché ? »
Clemenceau
« Dans son cabinet de toilette étaient au mur le nègre Scipion, au pantalon bleu, de Cézanne ; Monet, à dix huit ans, par Déodat de Séverac et dans un coin une petite peinture représentant Monet en uniforme des chasseurs d’Afrique ; une aquarelle de Boudin ; La Pluie de Caillebotte ainsi que plusieurs autres toiles et des petits paysages au pastel par Monet. Dans sa chambre à coucher, tous les murs étaient couverts de tableaux. Je comptais onze Cézanne, quatre Manet !
Par Renoir : les deux portraits de Claude et de Mme Monet, Mme Monet lisant Le Figaro, une Algérienne, la Casbah, et deux études de nus ; un Degas ; des Jongkind ; un Corot ; les portraits par Sargent de Monet, l’un peignant dans son bateau-atelier et l’autre en béret basque avec le tableau de la Côte de Monaco comme fond. Et j’en oublie (n’ayant pris de notes que lorsque Monet ne voyait pas !) Cependant, je remarquai qu’il n’y avait aucun Gauguin, aucun Van Gogh. »
Paulette Howard-Johnston
« …la pièce est ensoleillée, les murs tapissés de jaune citron sont décorés uniquement d’estampes japonaises que Monet nous dit avoir achetées autrefois en paquets, pour quelques francs, en Hollande. Il nous désigne nos places (…) Il verse à boire, regarde comment on se sert des plats : « Mais vous ne mangez pas ». Du regard Monet attend nos compliments que nous ne lui ménageons pas. »
Jacques Salomon
« En fait de déjeuner, celui de Claude Monet est merveilleux. D’abord quelques hors-d’œuvre avec le meilleur beurre normand, un succulent ris de veau aux épinards, deux poulets, et pour cinq personnes : le premier est rôti et nul n’y touchera, le second est extraordinaire, fait aux olives noires, puis une tarte, véritable friandise, et des fruits beaux comme des fleurs. Monet a toujours adoré la table. »
René Gimpel
« Si je puis voir un jour le jardin de Claude Monet, je sens bien que j’y verrai, dans un jardin de tons et de couleurs plus encore que de fleurs, un jardin qui doit être moins l’ancien jardin-fleuriste qu’un jardin coloriste, si l’on peut dire, des fleurs disposés en un ensemble qui n’est pas tout à fait celui de la nature, puisqu’elles ont été semées de façon que ne fleurissent en même temps que celles dont les nuances s’assortissent, s’harmonisent à l’infini en une étendue bleue ou rosée, et que cette intention de peintre puissamment manifestée a dématérialisée, en quelque sorte, de tout ce qui n’est pas la couleur. »
Marcel Proust
« D’une prairie toute nue, sans un arbre, mais arrosée par un bras de l’Epte au cours babillard et sinueux, il avait fait un véritable jardin de féerie, creusant un large bassin dans le milieu, plantant sur les bords du bassin des arbres exotiques et des saules pleureurs dont les branches retombaient en longues larmes sur les berges, dessinant tout autour de la vallée dont les arceaux de verdure, en se croisant et en revenant sans cesse sur eux-mêmes, donnaient l’illusion d’un grand parc, semant à profusion, sur l’étang, des milliers et des milliers de nénuphars dont les espèces rares et choisies se coloraient de toutes les teintes du prisme, depuis le violet, le rouge et l’orangé jusqu’au rose, au lilas et au mauve, plantant enfin sur l’Epte, à sa sortie du bassin, un de ses petits ponts rustiques, à dos d’âne, comme on en voit dans les gouaches du dix-huitième siècle et sur les toiles de Jouy ».
Thiébault-Sisson
« L’étang alimenté par l’Epte est encadré de saules de Babylone aux rameaux dorés. Les fonds et les bords sont garnis d’une masse de plantes de terre de bruyère, fougères, kalmias, rhododendrons, azalées, houx. Les bords des eaux sont ombragés d’un côté par des rosiers à forte végétation et l’étang lui-même est planté de toutes les variétés connues de nénuphars (…) Une importante plantation de bambous forme un bois dense. Sur les bords encore, des pétasites à feuillages énorme, sur les pelouses des thalictrums à feuilles découpées, certaines fougères à fleurs légères et cotonneuses, roses ou blanches, des glycines… On y trouve encore des tamaris, et l’ensemble est parsemé de rosiers sur haute tige et de rosiers buissonnants. »
Georges Truffaut
« L’aspect général du jardin, surtout le petit pont vert, lui a fait donner dans le pays le nom de « jardin japonais ». M. Hayashi, commissaire du Japon à l’exposition de 1900, fut, lui aussi, frappé de cette ressemblance, que Monet déclare n’avoir point cherchée. Son amour du Japon est pourtant profond. »
Maurice Kahn
« J’ai peint beaucoup de ces nymphéas, en modifiant chaque fois mon point de vue, en renouvelant le motif suivant les saisons de l’année, et par suite, suivant les différences d’effet lumineux qu’engendrent ces changements. L’effet, d’ailleurs, varie incessamment. L’essentiel du motif est le miroir d’eau dont l’aspect, à tout instant, se modifie grâce aux pans de ciel qui s’y reflètent, et qui répandent la vie et le mouvement. Le nuage qui passe, la brise qui fraîchit, le grain qui menace et qui tombe, le vent qui souffle et s’abat brusquement, la lumière qui décroît e qui renaît, autant de causes, insaisissables pour l’œil des profanes, qui transforment la teinte et défigurent les plans d’eau. »
Monet à Thiébault-Sisson
« Monsieur Monet que l’hiver ni
L’été, sa vision ne leurre,
Habite, en peignant, Giverny,
Sis près de Vernon, dans l’Eure. »
Stéphane Mallarmé
« C’est l’été qu’il fallait le voir, dans ce fameux jardin qui était son luxe et sa gloire, et pour lequel il faisait des folies comme un roi pour une maîtresse… »
Louis Gillet